LA THAILANDE COMME JE L'AIME

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👑La Royauté en Thaïland

Présentation 

La monarchie thaïlandaise est l’une des plus anciennes institutions du pays, héritière des royaumes de Sukhothaï et d’Ayutthaya. Depuis 1782, elle est incarnée par la dynastie Chakri, fondée par Rama Ier, dont les souverains portent le titre dynastique de « Rama ». Le roi est considéré comme chef de l’État, protecteur du bouddhisme Theravada et garant de l’unité nationale. Jusqu’en 1932, la Thaïlande était une monarchie absolue, avant de devenir une monarchie constitutionnelle. Le roi conserve un rôle symbolique et spirituel, entouré d’un profond respect et d’une vénération quasi sacrée. Les portraits royaux, les cérémonies et l’hymne royal rythment la vie publique et témoignent de ce lien particulier entre peuple et souverain. Le roi est aussi commandant suprême des forces armées, bien que ce rôle soit aujourd’hui surtout honorifique. La monarchie est étroitement liée à l’identité nationale et à la légitimité politique du pays. Le règne de Rama IX, Bhumibol Adulyadej (1946-2016), a marqué l’histoire par sa longévité et son immense popularité. Depuis 2016, son fils Rama X, Maha Vajiralongkorn, poursuit la lignée Chakri et incarne la continuité de cette institution centrale.

🦅RAMA 1er 1782 - 1809 YOT FA (PHUTTAYOTFA CHULALOK)SOMDETJ PHRA BOUDDHA YOT FA CHULALOK

Rama Ier, de son nom de naissance Thong Duang, naît en 1737 à Ayutthaya, alors capitale du Siam. Issu d’une famille de nobles, il reçoit une éducation religieuse dans un temple bouddhiste avant de se distinguer comme officier militaire. Après la chute d’Ayutthaya en 1767, il rejoint les rangs du roi Taksin et devient l’un de ses plus brillants généraux sous le titre de Chao Phraya Chakri. Il mène plusieurs campagnes victorieuses, notamment contre le Laos et le Cambodge, et ramène à Thonburi le précieux Bouddha d’Émeraude, symbole de légitimité royale.

En 1782, à la suite de la destitution et de l’exécution du roi Taksin, Thong Duang s’empare du pouvoir et est couronné sous le nom de Phra Buddha Yot Fa Chulalok, plus connu sous le titre posthume de Rama Ier. Il fonde alors la dynastie Chakri, toujours régnante aujourd’hui, et établit la nouvelle capitale à Bangkok, sur la rive orientale du Chao Phraya. Il y fait construire le Grand Palais et le Wat Phra Kaeo, destiné à abriter le Bouddha d’Émeraude, affirmant ainsi la centralité du bouddhisme dans la monarchie siamoise.

Son règne est marqué par une volonté de restaurer les traditions après les destructions d’Ayutthaya. Il fait recopier et codifier les textes bouddhistes, convoque un synode monastique pour définir l’orthodoxie, et promulgue en 1805 le Code des Trois Sceaux, qui devient la base du droit siamois. Sur le plan militaire, il repousse à plusieurs reprises les offensives birmanes et consolide l’autorité du Siam sur le Laos, le Cambodge et la péninsule malaise.

Grand amateur de littérature et de culture, Rama Ier patronne les arts et fait adapter à la tradition thaïe l’épopée indienne du Ramayana, connue sous le nom de Ramakien, qui devient un pilier de l’identité culturelle nationale. À sa mort en 1809, après vingt-sept années de règne, il laisse un royaume consolidé, une capitale florissante et une dynastie appelée à durer. Son héritage, à la fois politique, religieux

💎RAMA II 1809 - 1824 LOET LA (PHUTTALOETLA NAPHALAI)Fils de RAMA 1er,

Rama II, de son nom dynastique Phra Buddha Loetla Naphalai, naît en 1767 à Bangkok. Fils aîné de Rama Ier, fondateur de la dynastie Chakri, il grandit dans un contexte marqué par la chute d’Ayutthaya et la reconstruction du royaume. Avant son accession au trône, il occupe des fonctions militaires et administratives importantes, et devient vice-roi en 1808. À la mort de son père en 1809, il est couronné roi du Siam et inaugure un règne de quinze années.

Son époque est relativement paisible sur le plan militaire, bien que le Siam doive encore repousser certaines incursions birmanes et affirmer son influence sur la péninsule malaise et le Cambodge. Mais Rama II est surtout resté dans l’histoire comme un roi poète et mécène des arts. Son règne est considéré comme un véritable âge d’or culturel de la période Rattanakosin. Il accueille à sa cour de nombreux écrivains et artistes, dont le célèbre poète Sunthorn Phu, aujourd’hui encore vénéré comme le « Shakespeare thaïlandais ».

Rama II lui-même est un auteur reconnu : il compose des poèmes, des pièces de théâtre et des adaptations d’épopées traditionnelles. Il contribue notamment à la réécriture et à la mise en scène du Ramakien, version siamoise du Ramayana indien, et encourage le développement du théâtre de cour, de la danse classique et des arts décoratifs. Sous son impulsion, la littérature et les arts bouddhiques connaissent un essor sans précédent, renforçant l’identité culturelle du Siam.

Sur le plan religieux, Rama II poursuit l’œuvre de son père en consolidant le rôle du bouddhisme Theravada comme fondement spirituel et politique du royaume. Il soutient la construction et la restauration de temples, encourage la copie des textes sacrés et veille à la discipline monastique. Son règne illustre l’équilibre entre autorité royale, tradition religieuse et rayonnement artistique.

Rama II meurt en 1824 à Bangkok, laissant derrière lui un royaume stable et une culture florissante. Son fils, Rama III (Jessadabodindra), lui succède. Si Rama Ier est célébré comme le fondateur de la dynastie Chakri, Rama II est honoré comme le roi artiste, dont le règne a marqué la renaissance culturelle du Siam et posé les bases d’une identité nationale profondément liée à la littérature, à la poésie et aux arts de la scène.

🐘RAMA III 1824 - 1851 NANG KLAO Fils de Rama II,

Rama III, de son nom dynastique Phra Nangklao Chaoyuhua (ou Phra Buddha Loetla Naphalai), naît en 1787 à Bangkok. Fils de Rama II et d’une concubine, il n’était pas destiné à régner, mais son expérience et sa maturité lui valurent d’être choisi par le conseil royal à la mort de son père en 1824, au détriment de son demi-frère Mongkut, futur Rama IV, alors encore moine. Son accession au trône marque le début d’un règne de vingt-sept années, caractérisé par une grande stabilité politique et un essor économique.

Dès le début de son règne, Rama III doit faire face à la révolte du roi Anouvong de Vientiane (1826-1828). Après une invasion du Siam par les troupes laotiennes, il ordonne une contre-offensive qui aboutit à la destruction de Vientiane, marquant durablement l’histoire du Laos. Sur le plan extérieur, il signe en 1826 le traité Burney avec la Grande-Bretagne, qui fixe les relations commerciales et la souveraineté sur les États malais du Nord. Dans les années 1830, il établit également des contacts avec les États-Unis, amorçant une ouverture prudente vers l’Occident.

Rama III est surtout connu comme un roi pragmatique et commerçant. Avant son accession au trône, il avait déjà géré les affaires commerciales du royaume, et il poursuivit cette politique en favorisant les échanges avec la Chine, qui devint un partenaire économique majeur. Sous son règne, Bangkok prospéra grâce au commerce du riz, de l’étain et du bois, et la capitale se transforma en un centre économique régional.

Sur le plan religieux et culturel, Rama III fut un grand bâtisseur. Il fit restaurer de nombreux temples et lança la construction du Wat Pho, célèbre pour son immense Bouddha couché et pour être devenu un centre d’enseignement. Il encouragea également la diffusion des textes bouddhiques et la formation des moines, consolidant le rôle du bouddhisme Theravada comme pilier spirituel du royaume.

À sa mort en 1851, Rama III ne laisse pas d’héritier direct. Fidèle à sa promesse de ne pas désigner de successeur, il ouvre la voie à l’accession de son demi-frère, le moine Mongkut, qui deviendra Rama IV. Son règne reste dans l’histoire comme une période de transition, marquée par la prospérité économique, la consolidation religieuse et les premiers contacts diplomatiques avec l’Occident, préparant ainsi le Siam à affronter les défis du XIXᵉ siècle colonial.

🪑RAMA IV 1851 - 1868 MONGKUT (JAWM KLAO)

Rama IV, de son nom Mongkut (Phra Chom Klao), naît en 1804 à Bangkok. Fils de Rama II, il est écarté du trône en 1824 au profit de son demi-frère Rama III, jugé plus expérimenté. Pour se tenir à l’écart des intrigues politiques, Mongkut choisit alors la vie monastique et passe 27 années comme moine bouddhiste. Durant cette longue retraite, il approfondit sa connaissance des textes sacrés, fonde l’ordre réformateur du Thammayut Nikaya, et s’ouvre aux savoirs occidentaux en apprenant l’anglais, le latin et les sciences auprès de missionnaires.

À la mort de Rama III en 1851, Mongkut est rappelé sur le trône et couronné sous le nom de Rama IV. Son règne marque une période charnière pour le Siam, confronté à la pression croissante des puissances coloniales européennes. Conscient du danger, il adopte une politique d’ouverture diplomatique et commerciale. En 1855, il signe le traité Bowring avec la Grande-Bretagne, qui ouvre le royaume au commerce international. D’autres accords suivent avec les États-Unis et la France, permettant au Siam de préserver son indépendance en jouant habilement des rivalités coloniales.

Rama IV est également surnommé le « Père de la science et de la technologie » en Thaïlande. Passionné d’astronomie, il calcule avec précision l’éclipse solaire de 1868, observée à Hua Hin, un exploit qui impressionne les savants européens. Il encourage l’introduction de l’imprimerie, la modernisation de l’administration et la réforme de l’éducation, notamment par l’ouverture d’écoles tenues par des missionnaires. Ces innovations amorcent la modernisation du Siam tout en préservant ses traditions.

Sur le plan religieux, Rama IV reste profondément attaché au bouddhisme, mais il cherche à le purifier des superstitions et à le rapprocher de ses sources originelles. Il incarne ainsi une figure de roi réformateur, à la fois moine érudit et souverain moderne. À sa mort en 1868, victime du paludisme contracté lors de l’observation de l’éclipse, il laisse un royaume plus ouvert et mieux préparé aux défis du XIXᵉ siècle. Son fils, Rama V (Chulalongkorn), poursuivra son œuvre de modernisation et consolidera l’indépendance du Siam face aux empires coloniaux.


☂️RAMA V 1868 - 1910 CHULALONGKORN (CHUMLA JAWM KLAO)

Rama V, de son nom Chulalongkorn, naît en 1853 à Bangkok. Fils du roi Mongkut (Rama IV) et de la reine Debsirindra, il accède au trône en 1868 à l’âge de 15 ans, après la mort de son père. En raison de sa jeunesse, une régence est instaurée jusqu’à sa majorité en 1873. Son règne, qui dure 42 ans, est l’un des plus marquants de l’histoire du Siam, car il combine modernisation, réformes sociales et préservation de l’indépendance face aux puissances coloniales.

Dès son accession au pouvoir, Rama V entreprend une série de réformes profondes inspirées de ses voyages en Europe et en Asie. Il modernise l’administration en créant des ministères spécialisés, réforme la justice pour mettre fin à l’arbitraire, et introduit un système fiscal plus équitable. Il fonde également les premières écoles modernes, une académie militaire et une école navale, posant les bases d’un État centralisé et moderne.

L’une de ses réformes les plus emblématiques est l’abolition progressive de l’esclavage. Plutôt que d’imposer une rupture brutale, il choisit une approche graduelle : les enfants d’esclaves naissent libres, et les adultes peuvent racheter leur liberté. Cette méthode évite les tensions sociales et transforme en profondeur la société siamoise. Rama V met aussi fin à la corvée obligatoire et instaure un service militaire universel, rapprochant le Siam des modèles occidentaux.

Sur le plan diplomatique, Rama V joue un rôle décisif dans la préservation de l’indépendance du Siam. Alors que la France et la Grande-Bretagne colonisent l’Indochine et la Birmanie voisines, il adopte une politique d’équilibre, signant des traités commerciaux et cédant certains territoires périphériques pour éviter une annexion totale. Ses voyages en Europe en 1897 et 1907 renforcent son prestige et permettent au Siam d’être reconnu comme un État « civilisé » aux yeux des puissances coloniales.

Rama V est également un grand mécène des arts et de la culture. Il encourage la littérature, la danse classique et la diffusion des savoirs scientifiques. Il introduit la monnaie moderne, les billets de banque, le système décimal et développe les infrastructures : chemins de fer, postes, télégraphes. Son règne transforme Bangkok en une capitale moderne, ouverte sur le monde.

À sa mort en 1910, Rama V laisse un héritage immense : un royaume modernisé, une société plus égalitaire et une indépendance préservée dans un contexte colonial menaçant. Vénéré par son peuple, il est surnommé « le Grand Beloved King » (Phra Piya Maharat). Aujourd’hui encore, sa mémoire est honorée chaque 23 octobre, jour férié en Thaïlande, comme celle d’un souverain visionnaire qui a su conjuguer tradition et modernité.


⚜️RAMA VI 1910 - 1925 VAJIRAVUDH (MONGKUT KLAO)

Rama VI, de son nom Vajiravudh (Phra Mongkut Klao), naît en 1881 à Bangkok. Fils du roi Chulalongkorn (Rama V) et de la reine Saovabha, il reçoit une éducation moderne, d’abord au palais, puis en Angleterre. Il étudie à la Royal Military Academy de Sandhurst et à l’Université d’Oxford, où il se passionne pour l’histoire, le droit et la littérature. Cette formation occidentale marque profondément sa vision politique et culturelle.

En 1910, à la mort de son père, il monte sur le trône et devient Rama VI. Son règne est caractérisé par une volonté de renforcer l’identité nationale et de moderniser la société siamoise. Il est souvent surnommé le « Père du nationalisme thaï », car il développe une idéologie patriotique fondée sur la loyauté envers la nation, la religion et la monarchie. Il crée notamment le corps des Tigres Sauvages (Wild Tiger Corps), une organisation paramilitaire destinée à inculquer discipline et esprit national.

Rama VI est aussi un grand réformateur social. Il introduit l’usage du calendrier grégorien, impose l’adoption de noms de famille pour tous les sujets, et encourage la vaccination contre la variole. Il fonde en 1917 la première université du pays, Chulalongkorn University, en hommage à son père, et rend l’éducation primaire gratuite et obligatoire en 1921. Il soutient également la création de la Croix-Rouge thaïlandaise et tente de limiter les fléaux sociaux comme l’opium et le jeu.

Sur le plan international, Rama VI engage le Siam dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Alliés en 1917. Bien que la participation militaire soit limitée, cette décision permet au Siam de rejoindre la Société des Nations et d’être reconnu comme un État moderne et indépendant. Cette politique habile renforce la position du royaume face aux puissances coloniales.

Écrivain prolifique, Rama VI laisse une œuvre littéraire considérable : pièces de théâtre, poèmes, traductions de Shakespeare et essais politiques. Il utilise la littérature comme outil de pédagogie nationale et de diffusion de ses idéaux. Toutefois, son règne est aussi marqué par des tensions : en 1912, une tentative de coup d’État menée par de jeunes officiers échoue, révélant le mécontentement face à son autoritarisme et à certaines dépenses jugées excessives.

Rama VI meurt en 1925 à l’âge de 44 ans, sans héritier direct. Son frère cadet, Prajadhipok, lui succède sous le nom de Rama VII. L’héritage de Rama VI demeure celui d’un roi intellectuel et visionnaire, qui a cherché à concilier tradition et modernité, et à forger une identité nationale thaïlandaise dans un monde en pleine mutation.


🔗RAMA VII 1925 - 1935 PRAJADHIPOK (POK KLAO)

Rama VII, de son nom Prajadhipok, naît en 1893 à Bangkok. Dernier fils du roi Chulalongkorn (Rama V) et de la reine Sri Patcharindra, il n’était pas destiné à régner. Éduqué en Europe, notamment à Eton College et à la Royal Military Academy de Woolwich en Angleterre, puis à l’École de guerre en France, il se préparait à une carrière militaire. Mais à la mort de son frère Rama VI en 1925, il est désigné roi à l’âge de 32 ans, devenant ainsi le dernier monarque absolu du Siam.

Son règne commence dans un contexte difficile : finances publiques fragiles, mécontentement social et montée des idées démocratiques. Prajadhipok tente d’introduire des réformes administratives et de moderniser l’État, mais il se heurte à l’opposition de l’aristocratie et à la résistance des élites conservatrices. Malgré sa volonté de concilier tradition et modernité, son autorité reste limitée.

Le moment décisif de son règne survient en 1932, avec la révolution menée par le Parti du Peuple (Khana Ratsadon). Ce coup d’État pacifique met fin à la monarchie absolue et instaure une monarchie constitutionnelle. Prajadhipok, conscient de l’inéluctabilité du changement et soucieux d’éviter un bain de sang, accepte de limiter ses pouvoirs et de devenir le premier roi constitutionnel du Siam. Le 10 décembre 1932, il promulgue la première Constitution permanente du pays.

Cependant, les tensions entre le roi et le nouveau gouvernement, dominé par les militaires et les civils modernistes, s’aggravent rapidement. Prajadhipok, attaché à une monarchie constitutionnelle équilibrée, refuse de cautionner la dérive autoritaire du régime. En désaccord profond, il choisit d’abdiquer le 2 mars 1935, déclarant qu’il ne pouvait régner sans pouvoir réel ni responsabilité.

Exilé en Angleterre, il s’installe à Surrey puis à Cranleigh, où il mène une vie discrète avec son épouse, la reine Rambhai Barni. Il meurt en 1941 à l’âge de 47 ans, loin de son pays natal. Son successeur est son neveu, Ananda Mahidol (Rama VIII), encore enfant. L’héritage de Rama VII est celui d’un roi lucide et modeste, qui a accepté de sacrifier son trône pour permettre au Siam d’entrer dans l’ère constitutionnelle. Il reste dans l’histoire comme le dernier roi absolu et le premier roi constitutionnel de Thaïlande, symbole d’une transition politique majeure.


🖼️RAMA VIII 1935 - 1946 ANANDA MAHIDOL (ANANTHA MAHIDON) 

Rama VIII, de son nom Ananda Mahidol, naît le 20 septembre 1925 à Heidelberg, en Allemagne. Il est le fils du prince Mahidol Adulyadej, fils de Rama V, et de la princesse Srinagarindra. Premier roi de Thaïlande né à l’étranger, il grandit en Europe, principalement en Suisse, où sa famille s’installe après la révolution de 1932 qui met fin à la monarchie absolue.

En 1935, à la suite de l’abdication de son oncle Rama VII, Prajadhipok, le jeune Ananda, alors âgé de seulement 9 ans, est choisi par l’Assemblée nationale pour monter sur le trône. Trop jeune pour régner, il reste en Suisse sous la tutelle d’un conseil de régence, poursuivant ses études tout en recevant une formation royale.

Durant son règne, la Thaïlande traverse une période complexe : montée du nationalisme, dictature militaire de Phibunsongkhram, et engagement du pays aux côtés du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Ananda, encore adolescent, demeure éloigné de ces événements, mais son statut symbolique de roi constitutionnel reste essentiel pour la légitimité du régime.

Ce n’est qu’en décembre 1945, après la guerre, qu’il revient en Thaïlande pour assumer ses fonctions royales. Le peuple l’accueille avec ferveur, voyant en lui un souverain jeune et porteur d’espoir pour l’avenir du royaume. Mais son règne est brutalement interrompu quelques mois plus tard.

Le 9 juin 1946, Rama VIII est retrouvé mort dans sa chambre du palais royal de Bangkok, tué par balle. Les circonstances de sa mort demeurent mystérieuses et controversées : accident, suicide ou assassinat, aucune version n’a jamais été définitivement confirmée. Ce drame plonge le pays dans une profonde stupeur et marque durablement la mémoire nationale.

Après sa mort, son jeune frère cadet, Bhumibol Adulyadej, lui succède sous le nom de Rama IX, inaugurant l’un des règnes les plus longs et les plus marquants de l’histoire thaïlandaise. Rama VIII, bien que n’ayant régné que brièvement et sans réel pouvoir effectif, reste une figure tragique et énigmatique de la dynastie Chakri, symbole d’une transition difficile entre monarchie traditionnelle et modernité politique.


🚤RAMA IX 1946 -2016 BHUMIBOL ADULYADEJ

Bhumibol Adulyadej, né en 1927 à Cambridge (États-Unis), est le fils du prince Mahidol de Songkhla et de la princesse Srinagarindra. Après l’assassinat mystérieux de son frère aîné, Rama VIII, en juin 1946, il monte sur le trône sous le nom de Rama IX, devenant ainsi le neuvième roi de la dynastie Chakri. Âgé de seulement 18 ans, il poursuit d’abord ses études en Suisse, laissant un conseil de régence gouverner en son nom, avant d’être couronné officiellement en 1950.

Durant les trois premières décennies de son règne, la Thaïlande traverse une période de grande instabilité politique, marquée par des coups d’État militaires successifs et des gouvernements autoritaires. Bien que monarque constitutionnel, Bhumibol joue un rôle discret mais essentiel de garant de l’unité nationale. Sa présence symbolique et son prestige moral lui permettent d’exercer une influence considérable, notamment comme médiateur lors de crises politiques.

Dans les années 1950 et 1960, il s’investit dans des projets de développement rural : irrigation, agriculture, santé publique. Il parcourt le pays, souvent dans des zones reculées, pour rencontrer directement les populations. Ces visites renforcent son image de roi proche du peuple, soucieux de son bien-être. Il lance également des programmes de recherche agricole et encourage l’autosuffisance alimentaire, anticipant les défis économiques et sociaux.

Sur le plan international, Rama IX maintient la neutralité du Siam (devenu officiellement Thaïlande en 1939) dans un contexte de Guerre froide. Le pays s’aligne toutefois sur les États-Unis, accueillant des bases militaires américaines durant la guerre du Vietnam. Cette alliance contribue à la modernisation des infrastructures, mais accentue aussi les tensions internes.

Les années 1970 marquent un tournant : la contestation étudiante et populaire s’intensifie contre les régimes militaires. En octobre 1973, face à une répression sanglante, le roi intervient en faveur des manifestants, contraignant le maréchal Thanom Kittikachorn à quitter le pouvoir. Cet épisode renforce son aura de protecteur du peuple et de garant de la stabilité.

Ainsi, entre 1946 et 1976, Rama IX s’impose comme une figure centrale de la Thaïlande moderne. Bien que limité constitutionnellement, il parvient à incarner une autorité morale et spirituelle, conciliant tradition bouddhique et modernisation. Son rôle de médiateur, ses projets de développement et son engagement auprès des plus modestes posent les bases de la vénération dont il jouira jusqu’à la fin de son règne, en 2016, après 70 ans sur le trône.

🚩RAMA X 2016 sa Majesté le RoiMaha Vajiralongkorn

Rama X, de son nom complet Maha Vajiralongkorn Bodindradebayavarangkun, naît le 28 juillet 1952 à Bangkok. Il est le seul fils du roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX) et de la reine Sirikit. Dès 1972, à l’âge de 20 ans, il est officiellement proclamé prince héritier du trône de Thaïlande, préparé à succéder à son père.

Il reçoit une éducation internationale : après des études en Thaïlande, il poursuit sa formation en Angleterre, puis en Australie, notamment au Royal Military College de Duntroon. Officier de carrière, il se spécialise dans l’aviation militaire et devient pilote qualifié d’avions de chasse et d’hélicoptères. Cette dimension militaire marquera durablement son image publique.

À la mort de Rama IX, le 13 octobre 2016, Vajiralongkorn devient le dixième roi de la dynastie Chakri. Son accession au trône est officialisée le 1er décembre 2016, et son couronnement solennel a lieu en mai 2019, lors de cérémonies fastueuses mêlant traditions bouddhiques et rituels brahmaniques.

Dès le début de son règne, Rama X prend des décisions importantes concernant la monarchie. Il fait transférer sous son contrôle direct les biens du Crown Property Bureau, ce qui fait de lui l’un des monarques les plus riches du monde. Il renforce également son autorité sur l’armée et sur certaines institutions royales, consolidant ainsi le rôle politique et symbolique de la monarchie.

Sur le plan diplomatique, il poursuit la tradition de représentation internationale, recevant des chefs d’État et participant à des cérémonies royales à l’étranger. En Thaïlande, il reste une figure centrale de l’identité nationale, bien que son image publique soit plus contrastée que celle de son père, en raison de son style de vie et de choix personnels parfois controversés.

Rama X est marié depuis 2019 à la reine Suthida Tidjai, ancienne commandante de son unité de sécurité personnelle. Il a plusieurs enfants issus de mariages précédents, dont le prince Dipangkorn Rasmijoti, héritier présomptif du trône.

Aujourd’hui, Rama X incarne la continuité de la dynastie Chakri, qui règne sur la Thaïlande depuis 1782. Son règne s’inscrit dans une période de profonds changements sociaux et politiques, où la monarchie continue de jouer un rôle symbolique majeur dans la cohésion nationale et la transmission des traditions.